On m’a volé ma bouche
Rien ne peut en sortir sinon de la violence
Elle n’est plus là c’est vide quand je touche
Mieux vaut que ça soit vide, mieux vaut que ça soit vide quand on y pense
C’est très bien de ne pas avoir de bouche
Pourquoi on en aurait besoin on ne sait rien dire ?
Y’a rien à dire, rien à penser, ce n’est pas dans nos capacités, muet comme une souche
Par contre si faut attaquer, sort du vide une gueule monstrueuse qui fait frémir
Où rien ne résiste à ses dents, du cuir à la peau de bébé
Acérée elle est faite pour tout traverser sans s’arrêter
Je suis si petit face à cette monstruosité sortant de l’abysse
Elle passe pourtant bien par moi dans mon vide elle s’y glisse
Peut-être qu’elle surgirait moins si j’avais une bouche à cet endroit
Mais je n’en n’ai pas, cet organe-là les hommes n’en n’ont pas
Impossible à trouver, impossible à construire ou fabriquer
Je suis né la bouche cousue sans aucune couture de marquée
La bouche ça ne s’invente pas ça se transmet
Un humain a-t-il déjà tout seul appris à parler son humanité ?
Seulement celles qui pourraient ne le font pas elles vont le garder
Qu’elles n’en soient pas conscientes ou jouissent d’entretenir l’incapacité
C’est sûr qu’avec mon silence ou ma monstruosité ça doit pas trop inviter
Et puis j’en ai tant rencontré qui comme une marionnette avec moi jouait
Comme si derrière il n’y avait pas un monstre qu’elles stimulaient et que j’essayais de les protéger
Mais bon entre assassiner et ne rien dire elles ont l’habitude que toujours le deuxième soit rencontré
Il faudrait qu’on m’autorise à avoir une bouche
A ce qu’on m’accueille même quand ma douleur liée à eux je l’accouche
A ce qu’on m’accueille dans mes erreurs de débutant
A ce qu’ils ne tolèrent pas tout et me laisse revenir à eux à mon propre temps
Qu’on m’initie à comme un humain parler
Car ma bouche on ne peut pas me la donner
Mais on peut m’inviter à la développer
C’est en ça que certaines femmes sont sacrées.
Homme ne sachant pas parler, 03/03/23
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