C’est d’une évidence que je n’ai pas ce que je veux
Grève ! Grève ! Justice pour mes yeux !
Je veux pas manger ! Je veux pas manger !
A la limite si tu continues je vais m’intoxiquer !
Mais pourquoi qu’est-ce que je t’ai fait ?
Je te déteste je te déteste je voudrais te voir crever
Mes bourreaux vivent encore bien trop fortement à l’intérieur de moi
Et la solution de l’élimination radicale passe par une résistance de sang froid
Abdos serrés, dents fermées, poings fermés
Non non je ne veux pas manger
T’as vu ce que tu me fais
Je n’ai aucune envie de continuer
Une énergie de révolte qu’être comme eux ne sera jamais toléré
Même si par mon élimination automatique il faut passer
Je ne serai pas le prolongement de cette folie décharnée
Mais ça n’a pas de sens d’être dans une si grande violence envers qui je suis et serais
Qu’est-ce qui les caractérisait le plus sinon leur caractère intransigeant et borné ?
Dirigé vers une violence inouïe mais qui ne sait jamais s’arrêter
En fait à agir ainsi en révolte tu ne fais que perdurer
Tu te dis vouloir annuler mais tu ne fais que prolonger
Toute violence intransigeante et menaçante envers toi est de leur paternité
Quand bien même tu dirais que ça serait pour ton bien ou celui de l’humanité
L’humanité n’a jamais besoin de suicides pour mieux aller
A croire faire le contraire tu ne fais que continuer de te massacrer
Avec des idéaux certes en complet opposés mais avec la même finalité
A savoir celle de t’empêcher de vivre et que le plus de souffrances te soient infligés
Il est vraiment nécessaire d’arrêter et de cesser d’autant me maltraiter
Il faut lâcher, lâcher ce passé vérolé et dont y rester accroché ne peut qu’empoisonner
Qu’importe si on réagit d’une manière ou d’une autre on en reste contrôlé
Tant que c’est par ça qu’on réagit on est par lui régit
Laisse passé et fonctionnements derrière toi
Il est temps de vivre et découvrir qui tu es sans l’horreur collée à toi
Elle est collée mais n’est pas toi, lâche-la, laisse-la tomber
Laisse-la calmement reposer dans ton passé
Avec la vie qu’elle a eue mais qui n’est pas sans cesse ressuscitée pour t’harceler
Laisse donc et cesse de t’y raccrocher
Qu’est-ce qu’on menace de devenir fou après s’être fait dégommé et le ventre affamé pour démarrer la nuitée
On va même risquer le tout pour le tout et oser voler dans le dos de nos tortionnaires
On sait que c’est fou mais il faut que de cette souffrance je me libère
Marcher sans aucun bruit, ramper silencieusement, écouter le bruit de nos ennemis, ouvrir les placards avec l’autre main appuyée sur le vérin, manipuler avec grâce les objets plastifiés, en totale apnée ou user du chat ou du besoin d’imprimer
Tout est bon pour que de la nourriture j’en ai
Quand on prend la décision de ce genre d’expéditions il faut bien se préparer
D’une certaine manière on accepte que la mort soit à nos côtés
On sait que si le moindre détail pète on sera enterré
La mort on l’accepte comme une normale éventualité
On ne se décide pas d’infiltrer l’ennemi avec la frousse d’être tué
L’idée de la mort elle doit nous habiter et ne plus nous déranger
Voir elle fait partie de nous et nous permet d’être extrêmement concentré
Sa présence j’ai dû m’en accoutumer et il fallait que je ne la sente plus pour continuer
Si vous saviez le soulagement que l’on peut éprouver à trouver un bout de pain ou un biscuit
Je recherche de la nourriture mais aussi surtout de la vie
Une substance, une substance me permettant de persévérer
Un truc par lequel je peux sentir la vie me rencontrer
Qu’importe si par des épreuves terribles et la mort je dois la frôler pour y goûter
Un peu. Un peu. Seulement un peu de vie et je serai satisfait.
Je n’en demande pas plus le minimum de vie me satisfait
Je ne demande que la vie sous sa forme la plus minime et j’en serai comblé
Presque rien c’est énorme quand on est dans un terrible moi souffrant, moi affamé
Il y a des pactes dont on ne se rend pas comptes de leurs futurs effets
J’accepte d’être avec la mort en majorité tant que de la vie en faible quantité je peux fréquemment en goûter
Le truc c’est qu’ont tendance à mourir plantes et animaux dont on prend soin
Qu’on ne comble pas sa faim et qu’on ne digère presque rien
Qu’en voiture on oublie l’existence du frein
Que des choses qu’on souhaite ne finissent vraiment pas bien
Que des cauchemars on en a constamment plein la main
Qu’il est peut-être temps de lâcher cette association nous ayant permis d’éteindre notre faim
La douleur trop grande et les risques trop grand il nous fallait bien du soutien
Mais maintenant que j’ai survécu ce que je voudrais profiter me glisse et s’éteint
On ne peut pas accueillir la vie avec la mort encore à ses côtés
Il a fallu s’associer à la mort pour survivre et maintenant pour survivre il faut la quitter
Quel étrange procédé mais qui fait sens quand on sait le climat de mort qui régnait
Et qui fait sens aussi quand de la vie je souhaite de plus en plus m’en approcher
Merci de m’avoir accompagné sans m’avoir emporté
Je suis bien en vie et la vie j’aimerai le plus possible la rencontrer et goûter
Pour ça il faut que je te lâche de toute manière il y a bien un jour où je finirai par te rencontrer
Mais en attendant il y a tellement de choses que je souhaiterais goûter, offrir, jouir et partager
Quand viendra le moment je risque d’être moins que les autres effrayé
Mais il n’est certainement pas question que directement ou indirectement ce soit moi qui vais le provoquer
J’ai déjà bien trop souffert au meurtrier pour continuer à l’inviter
État de mort au revoir, j’ai tant de choses de la vie que je n’ai pas encore vécues et expérimentées.
La mort de faim, 08/03/23
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