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Sortir du manque de l’enfance

Enfants abandonnés
Enfants torturés
Enfants négligés
La machine est lancée et rien ne semble l’arrêter

Enfants créés mais incapables d’être bien traités
S’entasse le cimetière des enfants morts quand bien même ils sont nés
Ils n’ont jamais pu être écoutés
Quand bien même les mots ils les avaient

Quelle si grande fragilité
Et si peu protégée
Le havre de vie transformé en nid de souffrances
Pas de plumes mais des pics et l’errance

Combien meurent psychiquement prématurément ?
Pas de maman, pas d’amour présent
Un vide béant, une envie de serrer les dents et la peur nous englobant
Rien à quoi s’accrocher sinon nos pleurs et notre souffle haletant

Pas de chaleur, un corps nu dans l’espace flottant
Un manque terrible, la chaleur matricielle toujours aux abonnés absents
Comment être vivant sans la mère nous acceptant ?
Le rejet primordial et l’un des plus déterminants

Quelques instants pour l’homme et une responsabilité de la femme de chaque instant
Inégalité biologique renforcée par ce qu’on en a fait
Certes la femme trinque mais encore plus le bébé
La personne sensée l’aimer et le protéger est à autre chose occupé qu’au bien être de son enfant

C’est malheureux et vrai pourtant
Ne me quitte pas ! Même si tu n’as jamais été là
Parent halluciné vaut mieux que cœur affamé
Recherche de dulcinée vaut mieux que reconnaître que l’essentiel nous a manqué

En quoi est-ce mal de rêver quand ce sont des crânes venant nous border ?
Oui il est bon de rêver quand le pire va constamment nous entourer
Et puis un enfant se démarque avant tout par sa grande capacité à rêver
Quand ignorance et souffrances sont si intensément emmêlées il faut bien ailleurs se promener

Imaginer qu’un jour on rencontrera enfin la félicité
Qu’une personne spéciale viendra enfin nous libérer et nous aimer
Et on a très peu souvent tendance à croire que cette tâche puisse être par nous-même réalisée
Quand on a été si seul, obsédé par le manque on a tendance à s’oublier

Comme si la chaleur nous était interdite puisqu’on ne nous l’a pas donné
Comme si on considérait qu’on ne puisse jamais nous-même en générer
A ne pas avoir senti la chaleur d’un autre, la nôtre nous semble étrangère
Sans relation, comment savoir le bon de l’austère, notre cœur de la pierre ?

Il gicle et désespère, patiente et espère qu’on le libère
Mais quand bien même les relations d’amour nourrissent nous ne sommes plus un nourrisson
Plus les mêmes besoins restreints et surtout plus le même champ d’action.

sortir du manque de l’enfance, 30/05/23

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