Je ressens de la culpabilité et de la tristesse
Ah oui qu’as-tu fait ? Je suis triste.
Oui j’ai entendu, mais qu’à tu fais ? Je te l’ai dit, je suis triste.
Je suis coupable de tristesse.
On m’a inculqué qu’être triste n’était pas bien
Que si je pleurais forcément j’avais quelques choses sur les mains
Que pleurer c’est faire son vilain
Que pleurer c’est faire souffrir les siens
Donc normal que je me sente coupable puisque je suis triste
Culpabilité et tristesse sont emmêlées et on m’apprend qu’elles doivent coexister
Et que le seul moyen pour me laver de cette culpabilité est d’arrêter
De ta culpabilité tu seras dégagée le moment où tu ne seras plus triste
Voilà un très bon moyen de ne plus être dérangé par les pleurs
Faire que pleurer chacun en ai peur
Non non je ne veux pas ressentir de culpabilité
Donc de ma tristesse je vais progressivement me couper
Est fautif celui qui pleure et le reste reste dans la noirceur
Celui qui pleure attire l’attention
S’il pleure il menace le pouvoir en action
Il ne peut plus affirmer qu’il est un éternellement bienveillant donneur
Et puis il menace son pouvoir et sa tranquillité
Pleurer ça fait du bruit et à certains appellent l’empathie
Ca fait s’occuper, se questionner, on pourrait remonter à la source des douleurs
Et ça c’est un chemin auquel ne veut surtout pas se risquer l’abuseur
Donc il faut le brûler ce chemin. Brûler le chemin des pleurs.
Le rendre inconfortable. Le culpabiliser, le violenter, le dénoncer, le mépriser
Débarrassé des larmes, il ne reste du monde plus que les armes
Mais les luttes de pouvoir à l’abuseur ça, ça ne lui fait pas peur
Car un monde où il n’y a plus que des luttes pouvoirs n’est qu’un monde d’abuseur et d’abusés
Si on veut se soigner et donc soigner une partie du monde il s’agit de retrouver cette capacité et se défaire de toute culpabilité
Bien sûr je ne parle pas de pleurs tels que les pleureuses de dictateurs engagées
Mais je parle du véritable pleur, celui qui d’un coup va nous traverser, nous envahir et nous laisser
Celui qui nettoie véritablement, pas qui va soi-disant faire cesser la culpabilité
Mais un nettoyage qui va permettre à notre souffrance d’être transformée
Qui va permettre que l’amplitude de la joie et de la tristesse soit retrouvée
Qui apportera une eau purifiante qui se déversera sur les plaies de notre sensibilité craquelée.
Coupable d’être triste, 09/08/22
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