Fracture humaine
Celle de forcer ses peines
Durcir ses joies
Réprimer ses émois
Je dois faire ce que je n’aime pas
Je dois brûler ma sensibilité plus d’une fois
Me regarde mon cœur avec ses yeux innocents
Je suis divisé entre aimer et le sang
Je dois bien survivre je dois bien manger
Faut bien que je me force, briser ma sensibilité
Être un véritable guerrier qui fait ce qui doit être fait
Même si ça implique que mon cœur soit pulvérisé
Son animal souffrant, est-ce qu’on lui brise le cou pour mettre fin à l’agonisant ?
Et après est ce qu’on le mange pour ne pas gaspiller ?
Je suis perdu entre ma nature sensible et de survivant
Chacun en puissance je me retrouve fracturé
Psyché convulsionnée qui ne sait où aller
Dans tous les cas je vais sombrer, c’est un combat que je ne peux pas gagner
A vivre les souffrances de l’un ou de l’autre je suis condamné
Quelle souffrance terrible d’être autant fracturé
Ne voudriez-vous pas que cela puisse s’arrêter ?
La mort de l’un ça ne marche pas, on est trop handicapé
Et puis de toute manière ça finit par toujours repousser
Apprendre à jongler ? A faire coexister ?
Mais il n’y aurait pas un truc qui pourrait d’une main de fer les diriger ?!
Il suffit de ce désordre, de ces lenteurs et fragilités !
Allez ! Trouvez-moi vite une solution que ça soit réglé et en paix !
Ah, il semblerait dans l’ordre des équilibres et décisions seul le roi va trancher
Où est donc la reine ? Ses paroles sont-elles tout autant écoutées ?
Est-ce qu’elle a été elle aussi tranchée ?
Où est sa voix ? Elle est là mais est muette dans sa manière de s’exprimer
Dans les émotions et sentiments elle va se manifester mais rien dans le parler
Est-ce sa nature ou une conséquence déformée ?
Se repasse dans ma psyché ce qu’il se passe dans la société
La femme peut s’exprimer par des moyens déformés
L’homme a tout l’espace d’expression et l’utilise sans se ménager
Il le considère comme son royaume de droit
N’a pas de problème à exiger quoi qu’il soit
Je m’exprime et ordonne car je suis le roi
Il n’y a pas de contrepouvoir seulement des paramètres à ne pas trop brusquer à chaque fois
Dans la psyché aussi il y a des dictateurs dont il faut s’occuper
En réalité c’est sûrement eux qui ont la priorité
Comment est-ce que je pense, qu’est-ce que je vais m’infliger ?
Qu’est-ce que je considère juste et digne d’intérêt ?
Parce que le truc c’est quand on a tout pouvoir sans responsabilité on a tendance à être meurtrier
Donc s’il n’y a qu’une instance mâle à l’intérieur de moi qui va parler et décider ça risque de dégénérer
La vérité est que seul il est forcément fou et dénaturé
Le décideur intérieur est fou et destructeur sans féminité
Il condamne, il rit de sa supériorité
Il a perdu tout sens à la vie sinon celui de contrôler
Tenir et broyer de sa main car il est incapable d’inviter
Mais s’il agit autant et ainsi à l’extérieur c’est que sinon il exploserait
Comment vivre en paix en étant fracturé ?
Le mieux est alors de toujours être dans l’action, le faire et le trancher
Si on habite toujours qu’une moitié du royaume on ne sentira pas l’autre qui est désolée
Plutôt que de reconnaître la reine absente et son royaume non gouverné on cesse de s’y intéresser :
S’il n’y a rien qui parle c’est qu’il n’y a rien à s’occuper
Et que sûrement le royaume qui parle est représentant de la totalité
Que ce qu’on cesse de regarder cesse peut être d’exister
La guerre perdure entre les deux royaumes fracturés
Pour que la paix revienne il faudrait que remonte à la surface le royaume englouti et abandonné
Est-il invité ? Est-il reconnu que sans lui il n’y a aucune stabilité ? Qu’il n’y a qu’état de guerre répété ?
Est-il reconnu qu’on a besoin de lui ? Qu’il a des choses nécessaires à nous apporter ?
Que l’on est dépendant de lui pour être apaisé ?
Est-ce qu’il sera considéré et protégé ?
Sinon ça ne sert à rien de l’inviter
Si tu réponds non à une seule c’est que tu n’es pas suffisamment digne et mature
Continue à jouer ainsi et reviens quand tu seras suffisamment épuisé
Reconnais-tu que derrière ta façade contrôlante tu es un être fragile qui joue au dur ?
Je ne suis même pas capable de demander de l’aide, que finisse ce supplice
Je suis torturé, dès que je me retire de l’action c’est la folie qui menace de me rencontrer
A l’aide, à l’aide sauvez-moi, c’est horrible je suis prêt c’est bon, qu’importe pour le calice !
Mon royaume pour la paix et sérénité même s’il faut le sacrifier
Il ne s’agit pas d’abandonner ton royaume mais redonner sa place au royaume voisin et son souverain
Ah, celui engrillagé, qu’on a condamné et qui ne parle qu’à travers nos pieds ?
Ah ouais il avait été jugé peu productif et qu’on ne méritait pas de s’y attarder
J’y comprends rien à comment il fonctionne ça ne donne pas les même résultats quand on s’active avec ses mains
Ça serait laisser sa place d’exister à des choses même si je ne les comprends pas et ne peut les contrôler ?
Même si je me sens impuissant sur ce terrain et que d’une certaine manière je le crains ?
Bon au point où on en est le risque mérite d’être pris on a déjà tout essayé et sans succès
D’accord a le droit de vivre et d’exister un royaume différent de ce que j’entends et ne comprends pas bien
Je crois qu’avec le temps j’avais négligé la taille du royaume qui s’étend
Je suis complètement déstabilisé par la taille de ce qui attend
C’est l’écoute, une différente existence du temps, on y baigne et s’étend
Je me détends, c’est une atmosphère où tout est baignant
Tout est flottant et circulant, où chaque élément est existant et reliant
Il n’y a pas de notions de gains car tout est à chacun
Comment un poisson pourrait posséder plus d’eau de l’océan ?
Je suis perdu dans cette dimension où faire et propriété n’ont pas d’existant
S’il n’y a pas de propriété, de choses à amasser, à quoi sert le faire sinon pour rien s’agiter ?
Faire dans cette dimension c’est s’isoler du courant
C’est se fermer à la nature globale nous connectant
C’est se vouloir et croire plus fort que l’océan grâce à sa minuscule volonté
Là où dans mon royaume le faire aurait amené gains et éloges ici seul l’isolement et le ridicule sont générés
Il est dans l’eau, il ne peut ni la contrôler, ni la travailler
Et quand bien même il construirait son propre sous-marin les richesses lui seraient hors d’accès
Et non ici ce n’est pas en faisant qu’on est nourri ou récompensé
Arrête avec tes machines, stratégies et projets
C’est à la fois inutile et tu es en train de t’étouffer
Arrête, arrête et laisse toi porter
Ici est le royaume du contraire de s’agiter
Et si tu remarques bien c’est justement ce dont tu souffrais, d’une incapacité à te stabiliser en dehors de l’action
Car oui quand on avance et fait il existe un équilibre en constante évolution
Mais un équilibre stabilisé et à la fois inévitable et nécessaire pour se reposer
Et qui par la même occasion t’éviteras de te perdre dans une hyperactivité vouée à te condamner
Voilà, reste-y, goûte à ce plaisir d’être
Où il n’y a pas d’efforts à faire, même pour respirer
Il s’agit d’être, tes forces d’actions peuvent pour le moment paître
Bienvenue dans un royaume oublié et qui était franchement nécessaire pour te sauver.
Psyché fracturée, 24/04/23
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