Je veux être regardé
J’en ai besoin pour me sentir exister
Je recherche à ce que le regard puisse me rencontrer
Mais horreur quand il m’est enfin donné
Ce n’est pas du tout la nature du regard que j’attendais
Celui-là me transperce et me fracture au plus profond
J’ai l’impression de mourir d’être ainsi regardé
Mon cœur tremble et sent sa survie réellement menacée de ce coup de canon
Je cherchais à confirmer d’exister tant je me sentais isolé
Mais maintenant je me sens encore moins exister
On a réussi à me mettre dans un état encore moins confortable que dans celui j’étais
J’ai basculé d’être isolé à être menacé
C’est sûr ce ne sont pas les mêmes sensations
Mais perdure et s’aggrave le doute d’exister et d’avoir avec le monde une relation
Dans l’un on a l’impression de se dissoudre dans l’autre de s’évaporer
Regard absent, regard menaçant il serait temps de s’en libérer
Ils n’avaient pas d’yeux pour voir et faire exister
Tu en as beaucoup souffert et été traumatisé
Les deux tu as terriblement peur d’en être à nouveau l’objet
Pourtant tu ne vois pas le mauvais et le bon est rapidement éclipsé
Pourrais-tu m’en dire un peu plus pour que ça soit éclairant ?
J’ai vraiment eu peur de disparaître enfant, je n’en dormais pas tant
Je m’endormais avec la terreur de mourir et l’imagination qui me dépassait
Sûrement que ça fait mieux aller d’avoir peur de monstres et araignées que de la réalité
Ces monstres peuvent aller se rhabiller à côté de comment on est regardé
Imagination d’horreurs de telle sorte d’avoir une raison de vivre ces émotions
Car le réel des parents est indicible et inconcevable à avouer
Je continue à aller les voir quand la peur et cauchemars m’ont remué pour de bon
J’ai peur de toquer et ouvrir leur porte mais je n’y fais pas attention
Dans le narratif on m’a dit qu’on me cajolait
Pourtant je me souviens juste qu’on m’ait sèchement dit d’aller me recoucher sans même avoir bougé
Mais la clé est dans cette même peur ignorée au moment de frapper
C’est la même, c’est la même qui m’a réveillé et qui m’a fait hésiter de toquer
Mais oui c’est d’une telle évidence quand on n’a plus le nez dessus collé
Il faut bien faire des concessions sur la réalité quand ceux nous terrorisant sont les seuls pouvant nous rassurer
Mais ça y est j’ai compris ma cécité, je ne vois pas les maltraitances car j’imagine qu’ils pourront me rassurer
Plutôt que de voir on me fait mal et je dois me protéger
Je sens que j’ai mal et que c’est celle en face de moi qui pourra m’aider
Olala quel carnage d’ainsi penser, c’est le profil de la proie parfaite
Qui attend qu’enfin vienne le bien être offert de la personne qui la maltraite
Bon bon il est urgent d’actualiser nos fonctionnements passés
J’attendais et voyais ainsi car enfant j’étais complètement dépendant
Je n’avais pas d’autres moyens que d’espérer une goutte de bien-être dans le torrent de maltraitances
Mais maintenant les liens peuvent se faire et se détacher, tu ne crains pas l’errance
Tu peux couper, tu peux affirmer, tu peux congédier, tu peux virevolter
Si on te maltraite tu dis stop et tu vas ailleurs te relier
Nous n’avons plus à supporter l’insupportable dans l’espoir d’être aimé
Car maintenant le regard existant et l’amour en chaque instant on a appris à soi-même se l’offrir et donner.
Regard existant, regard absent, regard menaçant, 9/6/23
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