Posted on

by

in

Voix de femmes et d’homme – 11 poèmes

Témoignage du patriarcat à travers des voix des deux sexes.

Gorge brûlée

J’ai la gorge qui brûle
Elle brûle des mensonges forcés
Des couleuvres avalées
De mon droit d’existence qui recule

Un cri d’espoir atrophié
Une colère ravalée
Une rage embouteillée
Et mon vin devenant empoisonné

Je bouillonne mais je suis bâillonnée
Vas-tu les cracher tes vérités ?
Qui donc pour avec moi se dresser ?
On accourt pour le blanc de la mariée

Mais pour le rouge des blessés on est délaissé
Pas de paroles mais on a le droit à de grandes paraboles
Où seule la pensée est utilisée pour nous posséder
Et quand on s’ouvre au bien on se fait piéger d’avoir été molle

Le corps ensanglanté et habité d’un désir de crier
Cela ne fait que résonner et ne sait s’échapper
La folie gagne ou la mort de toute félicité
Voilà le destin qu’on a attribué à la féminité.

Gorge brûlée 18/04/23


Œillères sur la féminité

Tu penses que les femmes ont des pensées et émotions ?
Genre qu’elles seraient capables d’autres choses que de la figuration ?
J’sais pas, paraît qu’elles seraient comme nous dignes de pulsions
Oh ouais, étrange, à croire qu’elles seraient elles aussi des humains en action

Pourtant font pas grand choses ces bonnes femmes
Prennent soin de nos caleçons, de ce qui y’a à l’intérieur, des rejetons, font le marmiton pis d’quoi acheter l’gueleton
Ça fait quantité de boulot pour une qu’y aurait pas de flamme
P’être bien qu’il y a des richesses en action

Peut-être que je m’srais trompé
Que celle qui m’est présenté n’est pas qu’une poupée
Mais bien un être humain qui sait beaucoup porter
Peut-être qu’elle aussi a des pulsions qui comme moi peuvent m’habiter

Que les différences décrites ont plus à voir avec la société que qui elle est
Qu’en dehors du premier pas vraiment je ne la connais
Qu’en fait elle a beaucoup à supporter
Et que ça serait intéressant d’avoir envers elle de la curiosité.

Œillères sur la féminité ,18/04/23


Sang sacré

Coule, coule le sang
Le sang des femmes et de leurs enfants
Des guerres et des innocents
Une blessure si profonde qu’elle dure plus d’un temps

Semblant inépuisable continue le sang
Le prix pour avoir des sentiments
Ne pleurent pas ceux n’ayant aucun liant
Connectés à rien, leur est étranger ce que je sens

La faille des sentiments mais aussi celle du vivant
Comment s’ouvrir à la vie si rien ne pénètre dedans ?
Accueillir tout ce qu’on ressent, même le souffrant
L’événement transformateur nous modelant cycliquement.

Sang sacré, 19/04/23


Féminité écrasée

Plein le dos, surchargée, écrasée est la féminité
A la fois non considérée et croulant sous les travaux
On ne lui donne pas d’oxygène mais elle doit s’occuper des hommes et marmots
Comment pourrait-elle rayonner quand elle est autant exploitée ?

Il faut d’abord l’alléger de quantité de corvées
Remplacer le doit être fait par j’ai envie de le réaliser
Avoir des bulles d’oxygène de repli à portée
Il y a un si grand besoin de se ressourcer à rattraper pour chaque féminité

Et ce n’est qu’en ayant les épaules moins écrasées
Qu’on reconnaisse les efforts qu’elle a faits
Qu’on ne la traite plus comme une vache de trait
Mais bien comme la déesse de la terre incarnée.

Féminité écrasée ,20/04/23


Plaisir féminin

Le plaisir est ce qu’on y a accès ?
Pour le masculin c’est simple on connaît
Mais pour le féminin est ce qu’il y a beaucoup de fait ?
En dehors de l’utilité productive qu’est-ce qu’il va persister ?

Quand bien même le féminin est traité c’est avec des arguments masculins qu’il est amené
Le plaisir du féminin augmentera celui du masculin
Avoir un jardin pour économiser machin
Faites du yoga pour plus de productivité

Et le plaisir comme fin, on en parle quand ? Demain ?
Faites des choses qui vous font plaisir et du bien
Pas besoins de toute l’argumentation d’être un engrais au masculin
On nourrit le féminin pour le nourrir, évidemment qu’après il multipliera le bien

Mais le nourrir avec la volonté coercitive de certains gains
C’est faire une sorte d’élevage du féminin
Où nourriture est donné pour le désir d’une nourriture transformée
Et c’est là une manière bien masculinisée de nourrir la féminité

On la nourrit car on souhaite qu’elle soit comblée
On s’efforce sans savoir ce qu’elle va à son tour nous partager
C’est le total inconnu mais on fait confiance car elle est connue pour sa générosité
Mais exiger écraserait des fleurs encore plus belles que ce qu’on a pu imaginer.

Plaisir féminin, 20/04/23


Dénigrement automatisé

Dès qu’un prénom termine par un e ou un a
Se met en place un programma immédiat
Où pertinence et autorité sont bridées
Forcément son genre limite ce qu’on peut écouter

Implicite mais pourtant activé
Il y a une certaine nonchalance à les écouter
Comme si pas vraiment ma vie et sa qualité en dépendait
Comme au cirque où l’on ne va pas se fatiguer à tout écouter

Il y a des choses qu’on sait bien tout seul deviner
Pourquoi tu ne ferais pas des choses plus agréables plutôt que de m’ennuyer ?
Franchement il y a des choses où il n’est pas nécessaire pour toi de parler
Même s’il y a des choses que je ne sais pas j’ai totalement confiance que je saurais vite fait le trouver

Ça fait un peu infantiliser voir animaliser
C’est pris pour un divertissement ses tentatives de s’exprimer
Mais on préfère quand même que la plupart du temps elle reste à la place qui lui est attribué
A savoir le service et les tâches simples à réaliser

Mais c’est vrai qu’à agir ainsi je prends le risque de me priver
Que si je tends l’oreille sûrement des trésors peuvent s’y trouver
C’est remettre la femme en tant que source potentielle de richesse
C’est de ma Tour de pouvoir pédante que je m’abaisse

Dénigrement automatisé, 20/04/23


Sacrifice automatisé

Je me suis sentie obligée
L’autre n’a même pas besoin de me manipuler
Seulement de se comporter de telle manière pour me stimuler
Et je réalise en toute initiative ce que l’autre attendait

Contrat de service implicite activé
Ou également appelé syndrome de sacrifice automatisé
Ou la demande de l’autre est prioritaire à mes envies
Où m’est plus important de ne pas décevoir quitte à dire au revoir à ma propre vie

C’est terrible d’être plus impliqué dans la frustration de l’autre que ses propres limites
Donner des informations dont on n’a pas envie
Faire des choses, se forcer et qu’on s’agite
Simplement car on ne sait pas dire l’inverse de oui

Torturée entre ses besoins bafoués et le programme cherchant sa réalisation
Généralement on essaie de faire des compromissions
Allez on essaie de faire entre les deux, dire sans trop dire, faire sans trop faire
Mais qu’importe la réflexion ces choses ont le goût amer

L’amertume de s’être soi-même trahi pour un automatisme
On peut se mentir et dire oui mais je ne voulais pas la blesser
Mais la vérité est que j’ai un programme de sacrifice tenacement ancré
Et que je dois m’exercer à reconnaître que ne plus le suivre ne déclenchera pas de meurtriers cataclysmes.

Sacrifice automatisé, 20/04/23


Naturelle

Grand est la difficulté de s’aimer quand on se rend compte qu’on est dénaturée
Mais c’est le voir qui permettra de se retrouver
De retrouver son innocence naturelle
Et alors l’amour de soi nous tombe du ciel

Naturelle, 20/04/23


Intelligence féminine

Oh de toute façon pas besoins des femmes et de leurs drôles de façons
Il y a des choses où l’on est bien mieux sans femmes et trucs mollassons
Le travail est la vertu masculine par excellence
Où il ne faut qu’il y ait que du masculin qui fasse et pense

Ce que je ne comprends et ne maîtrise pas est mis au pas
Toute plus-value féminine est vue comme une épine
La féminité déclaré ennemie du profit et causeuse de tracas
C’est sûr qu’il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas marcher si elles sont avec copines

Peut-être on ferait moins de mal à l’humanité et à la vie si les femmes avaient leur avis
On réfléchirait un peu plus aux actes fous pour grignoter des petits bouts
On serait un peu plus informé que détruire un endroit impacte aussi chez moi
Qu’il ne s’agit pas uniquement de réfléchir à imposer sa volonté mais aussi les dégâts qui seront causés

On a bien besoin de femmes dans nos métiers
Mais pas seulement pour téléphoner ou nous apporter le thé
Mais bien pour nous réguler et que la tempérance soit aussi invité
Quelles guerres aurions-nous faites si les femmes décidaient pour la moitié ?

Donc au revoir aux bonhommes misogynes dans leurs professions
Il y a tellement à gagner à avoir de la féminité dans son métier
S’en priver c’est même s’assurer que de l’essentiel on passe à côté
Alors retroussons nos manches pour les laisser respirer et accomplir leur destinée.

Intelligence féminine, 20/04/23


Réputation vitale

Ce qu’on pense de moi
Question de survie d’être vue bien droit
Importe plus ce qu’on pensera que mes intentions
Sur le qui-vive constant du qu’en diras-t-on

Quand bien même le meilleur du meilleur est fait
On pourra toujours différemment l’interpréter
Me mettre en sécurité c’est le moins possible exister
Moins on me voit moins on pourra m’accuser

Un contrôle exacerbé sur l’image que je peux renvoyer
Rien ne doit être hors de contrôle car je pourrais en crever
Nickel, sublime et sans accroc sera ce que je vais montrer
Il en est de ma survie que derrière les apparences je sois insoupçonnée

Un être respectable et bénéfique à la communauté
Je suis déjà tellement sur la sellette que ça je ne le laisserai pas tomber
Si je n’ai plus ça je n’aurai absolument plus rien à quoi m’accrocher
Alors même si je dois sacrifier ma vie je ferai en sorte de la sauvegarder

Mon humanité réduite à une façade hyper contrôlée
En absence de pouvoir sur ma vie je me rabats sur ce que je vais montrer
D’un être de profondeur je suis passé à la superficialité
Il est grand temps de me rencontrer, qu’importent les interprétations mal aiguillées.

Réputation vitale, 21/04/23


Attiré et dégoûté

C’est quand même assez spécial d’être un homme hétérosexué
Ça ne nous dérange pas vraiment d’être à la fois attiré et dégouté
A la fois tu m’excites et me répugne
Une ambivalence bien gardée de la masculinité envers la féminité

Parce que justement c’est sur l’organe de la féminité que cela va le plus reposer
A la fois membre convoité et repoussé
Mais avec l’énergie sexuelle les barrières sont plus facilement outrepassées
Si bien que la répugnance pourra être masquée par l’attirance imposante et marquée

Mais une fois le coït terminé c’est la dégringolade de ce qu’on avait refoulé
Quel est donc l’être qui est à mes côtés, et qu’est-ce cette chose entre sa tête et ses pieds ?
Je tolère sa présence mais c’est bien parce que je suis satisfait
Et qu’elle ne s’avise surtout pas de me parler ou de m’exposer sa féminité

Comme si son existence était accepté uniquement lorsqu’il est pénétré
Qu’il mérite d’exister si ça nous fait bander
Un sexe désiré et non désiré
Une femme bonne à consommer et à jeter

Mais lui dire ça ferait qu’elle arrêterait de nous désirer
Donc on va le cacher, de toute manière on n’a pas les outils pour le changer
Une part en moi ne vous désire tellement pas, vous trouve ignobles mais je ne la montrerais pas
Je ne suis pas suicidaire pis de toute façon vous ne le verrez pas

Bah ouais c’est pas la première fois qu’on pourrait vous raconter n’importe quoi
Et vous-même vous ne le comprenez pas si bien que ça
Du mépris pour cacher ma propre ignorance, c’est pas mal ça
Ce que je ne comprends pas, pas grave elle s’en contente et ne se demande pas pourquoi

Ouais bah c’est pas avec ça que tu seras un Don Juan mon gars
On peut te désirer mais quand même t’assassiner
Mais ne t’inquiète pas on n’est pas bête on ne le fera pas devant ton nez
Non on le fera de manière détournée dès que tu feras un faux-pas

Ahlala là on te tiendra et on ne te lâchera pas
Tu connais les canidés qui peuvent avoir la mâchoire bloquée ?
Et au cas où tu ne le sais pas c’est sur la chair qu’en général elle l’est
Ben voilà on ne te lâchera pas tant que ton dégoût tu ne le cracheras pas

Allez crache-là ta valda ! Tu crois que ce n’est pas non plus un poison pour toi ?
Ça te sert à quoi de garder le secret ? Tu es tout pâlot et renfermé
A quoi voudrais-tu goûter de la vie avec ce truc occupant ta langue jusqu’à la trachée ?
Si tu crois vraiment être le premier à avoir ça en toi

Bon ok je veux bien l’avouer, moi aussi j’ai été porteur de l’incohérence de désirer et mépriser le sexe opposé
C’est quelque chose dont je n’ai jamais pu voir d’où ça venait et par manque de moyen l’ai caché
Mais bon vu le travail accompli j’ai ma petite idée d’où ça viendrait
On ne peut pas asservir et partout déclamer l’égalité et la dire

Forcément fallait trouver un prétexte pour contrôler
Et quoi de plus distinctif que le sexe qui leur été donné ?
Et maintenant bien que l’asservissement ait diminué le mépris il faut s’en occuper
Alors vas-y je t’écoute tu as sûrement quelques vérités à me partager

Il existe deux sexes qui ont des natures différentes et chacun leurs fonctionnalités
Ainsi est la nature et affirmer le contraire serait blasphémer
Aucun n’est supérieur à l’autre mais dans le rôle de la reproduction c’est chez la féminité que le principal est fait
Et c’est faire preuve d’incohérence et d’une psyché divisée que d’à la fois mépriser et désirer cette sexualité
Je demande pardon d’avoir dans mon ignorance contribué à cette institutionnalisation de femmes objet
Je reconnais mon erreur et l’impuissance que j’avais à sortir du courant général de l’humanité
J’honore la féminité pour ce qu’elle est et ne contribue plus à la dévaloriser
J’accueille la féminité dans toute sa nature, grande est sa beauté !

Attiré et dégoûté, initié en 19/04/23, fini en mai

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *