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Recueil sur la faim : Vivre malgré soi la faim -1ere partie

En complément on peut regarder :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:TattegrainBouchesInutiles.jpg

Les bouches inutiles, tableau en grand exemplaire que j’ai vu samedi à Doullens qui a été en résonance avec une colère très profondément enfouie accompagnant déjà des réflexions sur mes “grèves de la faim” que j’observais déjà récemment. J’y ai vu des personnes qu’on a privé de moyen de nourriture par la guerre et qu’après un groupe de pouvoir dénigre et culpabilise qu’ils soient incapables de trouver à manger alors que c’est ce même groupe qui les a mis dans cette situation.

Après avoir regardé sur internet c’est un château vers 1200 assiégé par les français dont les anglais ont expulsé les villageois pour pouvoir tenir le siège et dont les français ont interdit le passage. Faisant alors une longue agonie par la faim et des comportement de folies désespérés dans le fossé du château.

Enfant affamé

Un enfant maigre et en moyenne santé
On n’a pas forcément envie de le regarder
Bah ouais d’autant plus s’il est torturé
On préférerait que tout ça ne lui soit pas arrivé

Notre empathie pour lui nous ferait presque nous écrouler
Alors les yeux on préfère les détourner
Même si cet enfant c’était nous il y a quelques années
Non ce n’est pas très beau à voir, et si tu n’avais pas existé ?

On a qu’à faire comme si les photos on les avait pas vues
Hop là hors de ma vue et je crée une bulle cette époque passe inaperçue
L’enfant qui n’était pas bien je ne veux pas qu’il soit mien
Non non je devais bien manger à ma faim

Et puis la graisse on m’avait bien expliqué que c’était mauvais
Que les gros à peine méritaient d’exister
Qu’une fois pris le poids jamais il ne repartirait
C’était normal d’être maigre, sûrement très bon pour la santé

Bon par contre quand mes muscles avec les copains je comparais
Je voyais bien qu’il y avait un truc qui clochait
Mais bon on mange tellement souvent
Qu’est-ce que sont à côté des heures avec un terrible creux dedans ?

Nan mais ouais quoi. Manger c’est pour survivre
Je survis donc tout va bien quoi
Pas de quoi s’en occuper ou sortir un livre
Mais non je ne suis pas maigre arrêtez votre ch’ait pas quoi !

On m’a dit que c’est parce que je grandis
Et puis si quand je me plie ma peau fait des plis
C’est qu’il y a encore du gras qui est caché ici
Et ça on m’a dit que ce n’est pas bon pour la vie

Mais qu’est-ce que j’ai faim
Et puis être ainsi ce n’est pas très sexy je ne me sens pas trop bien
Je ne comprends pas pourquoi les autres ne voient pas aussi facilement leur os
Je ne sais pas pourquoi moi c’est ça qu’on voit sous ma peau

J’imagine qu’il faut que j’attende que je grandisse
Pour que cette maigreur finisse
Je ne vois pas comment sinon je pourrais me débrouiller
D’un côté la graisse est détestée et de l’autre la maigreur me rend gêné

Bon j’imagine que le seul moyen c’est de faire du sport
Les muscles, c’est bien c’est autorisé pour stocker
Mais bon ça reste compliqué quand après on ne va pas trop manger
Du pain, du pain, toujours plus de pain ça rend rassasié

Du pain, du pain ça c’est autorisé d’en manger sans trop être limité
Du pain, du pain oui c’est très bien
Et puis je ne sais où on m’a expliqué qu’avec l’eau ça gonflait
Ah bah oui du pain et de l’eau pour atténuer je l’ai même fait de manière conscientisé

Nan mais jusqu’où dans l’horreur on va remonter ?
Ahah le jour où une machine à pain a été achetée mon ventre en était paniqué
Même le pain et son goût ont fini par être substitué
J’ai beau avoir supplié d’arrêter j’ai dû tant bien que mal m’y accoutumer

Ça faisait beaucoup d’aller tous les jours au boulanger
Et puis c’est sûrement mieux si c’est moi qui le fais ?
Je repense à ma mère que j’entendais tous les jours commenter la quantité de baguette que ma sœur avait ingérée au goûter
Maintenant je comprends bien mieux pourquoi au goûter autant elle mangeait

Toujours des remarques ! Toujours des remarques !
On est harcelé et culpabilisé à vouloir survivre et manger
Dès qu’on choisit nous-même la quantité et qualité on se fait critiquer
Et l’heure à laquelle manger on ne peut même pas y penser, c’est bétonné

Ça explique donc pourquoi aux rares événements les biscuits apéritifs je les dévorais
Du goût, de la quantité, pas besoin de monnaie et presque personne pour me regarder
Et puis je me mets encore à douter que la faim vraiment m’habitait
Bah oui tu ne te souviens pas à l’extérieur tu avais mangé du pain avec du saucisson et du beurre

Vu le gras que c’était tu ne devais vraiment pas manquer
Oui ce jour-là sûrement pas mais ce n’était pas le quotidien
Bah on y allait des fois souvent de quoi tu te plains ?
Sur les milles repas par an ça représente combien ?

Ah d’accord bon beaucoup beaucoup moins
Mais garder cette image en moi me fait tellement de bien
Tu imagines ? J’ai mangé du pain avec du beurre et du saucisson !
S’il l’apprenait on serait presque à la limite de la punition !

Et puis au foot on a mangé des frites avec de la mayonnaise c’était super bon !
Mais quand j’ai sorti la mayonnaise à la maison
On m’a dit que si je continuais ils m’enverraient à l’école des sumos
Que eux il mangeait beaucoup et mourraient car ils étaient gros

J’avais le droit à la mayo mais j’étais menacé d’être expédié ailleurs
Que soi-disant rapidement disparaitrait mon cœur
Je l’ai quand même fait mais l’harcèlement ne valait pas le coup de ce plaisir ajouté
Sans savoir pourquoi jambon mayo c’était ok, frites mayo c’était la mort assurée.

Bien qu’on ait faim on ne peut pas tout le temps manger n’importe quoi
Le goût ce qu’il n’aime pas des fois nous dit non non je préfère passer le repas
Ce truc ignoble ne me convient vraiment pas
Un peu plus tard à l’autre repas on verra

C’est quand même bizarre de se faire harceler de vouloir répondre à ses besoins alors qu’il y en a la possibilité
A la limite s’il y avait pénurie ou peu de moyens ok le maximum est déjà fait
Mais priver ainsi me paraît complètement insensé
J’en étais venu à croire qu’il était dans ma nature impossible de m’engraisser

Imaginez être assoiffé à côté d’une rivière claire
Et que dès que vous vous penchez vers elle on se met à vous donner des coups de bâtons
Et la plupart du temps on vous obligera à boire une eau marron
C’est à ne plus rien comprendre à ce qui est bon ou qui désaltère.

Mais le truc c’est que c’est devenu une sorte de jeu auquel on est habitué
Oui j’ai faim et je peux tenir et résister
A vrai dire sans ça je me sentirai un peu à moi-même étranger
Oui c’est bien, ça me fait une sensation qui me dit que je suis en train d’exister

C’est marrant, ça réveille et ça peut facilement être trompé
Hop hop hop beaucoup d’eau et tu crois être rassasié
Ahah je me marre à ainsi te faire tourner
Mais… Tu te rappelles qu’à ce jeu tu y as été contraint et forcé ?

Je me sens fort de pouvoir y jouer et résister !
Je n’ai pas envie de m’en séparer !
La faim est à la fois un compagnon et à mes pieds !
Et quand elle t’a dépassé et que tu es complètement exténué ?

C’est pas grave, ce sont des petites erreurs de calculs ça peut se rattraper
Non mais il serait peut-être temps maintenant d’arrêter
Tu as compris que les tortures que tu as subies en jeu tu les as transformé ?
Ça n’a rien de drôle ce jeu en vrai !

Oui c’était drôle mais c’était imaginé !
Allez s’il te plaît revient à la réalité
Plus personne nous force à y jouer
Ce jeu j’espère ne plus avoir à y jouer

Et si ça a avait été autrement j’aurai préféré ne jamais devoir y jouer
J’y ai joué oui mais c’est bien car j’en étais forcé
Et qu’avec tout malheur ça aide terriblement de voir le bon qu’on peut y gagner
Mais en vrai être autant affamé ne m’intéresse pas

Mais c’est quoi ne pas être affamé ? Je ne connais pas
Ben c’est d’abord prendre soin de soi et s’aimer
S’offrir des quantités adaptées et variées
Mais mon ventre ne va pas exploser où je ne sais quoi ?

Et puis c’est impossible ce que tu me dis là
Il y a toujours un moment où se manifeste la faim
Oui en effet il est normal d’avoir avant de manger un peu faim
Mais ce n’est pas pareil si c’est moins d’une heure ou plusieurs heures tu vois

Ben ça reste le même mot : la faim, qu’est ce qui change ?
Ben la durée change tout en fait
Plutôt qu’utiliser le mot faim on peut dire un léger appétit, un petit creu, une envie de bientôt manger, affamé, exténué de faim, en famine, en perte de moyens par la faim, en folie de faim
Tu vois, ce sont tous des états où l’on a envie de manger
Mais qui pourtant par la durée vont rapidement vers un extrême évoluer

Ah d’accord le problème ce n’est pas d’avoir faim
Car c’est naturel, comme on a parfois soif
Mais de combien de temps on attend avant de manger
Ah ouais ça relève de la sensation et de sa durée

Et puis la faim c’est plus complexe que tu pourrais le penser
Tu te souviens de toutes ces journées de voiture où la faim douloureusement te tenait ?
Ah oui et les affiches de restaurants qui défilaient
On avait beau demander ou supplier toujours plus tard il fallait

Et après des heures enfin ils te proposaient qu’est-ce que tu répondais ?
« Ah bah c’est trop tard je n’ai plus faim pourquoi maintenant on irait ? »
Oui et que même les fois d’après tu étais dans l’appréhension qu’on te propose à manger et que ta faim se soit volatilisée

Et bien en fait bien que la sensation ait disparu ce n’est pas pour autant que tu n’as plus faim
En fait cette sensation est construite à ne pas trop te torturer
Et au bout d’un moment elle disparaît pour te protéger
Mais ce n’est pas pour autant que ton ventre s’est rempli par magie d’un coup de main

Si ça arrive, il faut que tu mémorises que tu as eu très faim et que tu n’as pas mangé
Et que donc même si la sensation n’est plus là tu restes dans un certain danger
Oui je sais c’est différent et inattendu mais c’est pourtant bien fait.

Tu peux toi-même le vérifier
Décide de manger même après que la faim soit passée
Tu verras comme ça te feras du bien d’avoir mangé
Et la faim reviendra naturellement t’accompagner pour être rassasié

Mais bon ça non plus on ne te l’avait pas expliqué
Et puis tu sais la fatigue et les cernes sous les yeux
Ce n’est pas uniquement la nuit quand on a joué à des jeux
Ça peut aussi être car combattre la faim nous a exténués

Et oui tous les besoins sont un peu entre eux reliés
Car tu sais très bien que le sommeil est difficile à trouver quand le ventre est tenaillé
Il importe d’écouter, mais aussi de se souvenir de ce qui a été signalé
Car il y a des besoins qui naissent et que s’ils ne sont pas écoutés vont se terrer

Mais ce n’est pas parce qu’ils arrêtent de crier
Qu’ils sont pour autant satisfaits
C’est donc à toi de t’en souvenir et d’aller les récupérer
En prendre soin même s’ils se sont enterrés

Ils l’ont fait car ils n’en pouvaient plus de crier
Alors ne leur en veux pas de s’être ainsi cachés
Et puis ils ont laissé des traces de pas pour être retrouvé
Ils t’attendent, pourvu que tu te souviennes d’eux et désire ardemment les choyer.

Enfant affamé, 29/09/22


Espion Survivant

Ramper, être silencieux, se baisser, regarder au-dessus de meubles rasants
Oui oui c’est un jeu
Celui de l’espion survivant
Espion ? Car j’ai dit que c’est un jeu

Survivant ? Car c’est en fait la réalité
Se cacher, ramper, retenir sa respiration
Courir sans respirer, oui oui c’est pour s’amuser
Et puis je ne vois pas pourquoi il y aurait d’autres raisons
Ce sont des automatismes dont je ne souhaite pas savoir leur signification

Je les fais, comme ça j’ai le droit de jouer et manger
Et ça marche très bien donc je ne vois pas le malsain
Ouvrir le placard silencieusement, retirer à manger sans le bruit de papier ou métallisé
Refermer et repartir doucement et le manger dans un endroit isolé des siens

Et une juste quantité pour que l’on puisse ne pas s’en apercevoir qu’on a mangé
Pour les jeux plutôt pareils : il faut mémoriser la place initiale de chaque objet
Faire attention à ce que le minimum soit dérangé
Et dès que l’heure imminente est approchée, il faut passer du plaisir de jouer à un cœur hyper stimulé

Hop hop hop ça c’était là, ça c’était éteint
La chaise selon cet angle, comme ça, voilà, machin tout bien
Et courir à fond pour mettre le maximum de distance avec le lieu du doit disant crime
La pièce où l’on a désiré jouer plus que ce qui était accordé

Ce qui fait que plaisir et terreur sont habitués à être mélangé
Que plaisir et peur doivent constamment coexister
Mais c’est pourtant nécessaire car ne pas essayer ça serait crever
Et puis il y a des fois des pièges qui sont tendus en simplicité

Les mots de passe, les trucs débranchés, les chargeurs confisqués
Et puis aussi la jalousie entre prisonnier
A se battre pour avoir le dernier pain au chocolat à manger
A dénoncer que l’autre a joué car notre souffrance d’y avoir été empêché est horrible

C’est si facile de dénoncer un autre prisonnier
Car on partage la même réalité, à peu près les mêmes pensées
Et que des fois pour notre commun intérêt
On a même ensemble collaboré
Mais bon c’est si dur que trahir on en est facilement tenté

Désolé, autre prisonnier, trop dure est ma réalité je ne peux pas souvent m’en empêcher
C’est l’enfer. On brûle tellement que sur l’autre brûlé on est prêt à se décharger
De toute façon aucune confiance est possible et est bien trop risquée
Le fait que je me confie et que ce soit dénoncé pourrait me tuer

Le terrain de la confiance entre prisonnier est aussi miné
Tu parles d’un jeu auquel un enfant souhaiterait jouer
Je l’ai fait car fallait bien rendre plus tolérable sa réalité
L’espion Survivant pourrait très bien s’appeler l’enfant prisonnier affamé, torturé contraint de se cacher, voler, dénoncer, torturer pour ne pas crever.

Heureusement que l’imagination des enfants a de grandes capacités
Qu’il essaie de s’accrocher au beau même dans les pires réalités
C’est vraiment leur meilleur atout pour résister à ce monde de dégénérés
Même si les jeux imaginés sont dans la réalité horribles et meurtriers.

Espion survivant, 28/06/1997


Dépasser la faim

L’un des trucs les plus horribles avec la faim
C’est d’arriver au point où l’est trop faible pour changer son destin
J’ai faim et j’ai besoin d’énergie pour cuisiner, trouver ou manger
Mais j’ai tellement faim que l’énergie m’a abandonné

Je suis alors au stade où j’ai faim et je ne peux presque pas le changer
J’ai faim mais me manque les pas pour me rassasier
Et puis j’ai du mal à penser, à prendre les décisions pouvant me faire du bien
Je mange des trucs pas trop bien

Le désordre intérieur se manifeste à l’extérieur
Allez ! Un coup de pouce pour dépasser cette douleur

Dépasser la faim, 21/06


Coupe-faim

Pourquoi moi-même j’ai du mal à me nourrir ?
J’ai toujours été habitué à être dépendant de l’autre dans la nourriture
Que ce soit de mes amis ou mes parents
C’était une habitude pour moi d’attendre qu’on veuille bien me donner

Pas de monnaie, pas de nourriture
Acheter soi-même à manger ? Jamais !
C’était habituel de regarder les copains acheter
Et après silencieusement baver qu’on daigne m’en partager

Acheter c’était mal. C’est mal d’acheter à manger pour soi.
C’est forcément trop cher et pas bon pour toi.
La monnaie ce n’est pas fait pour ça
J’en fais bon usage donc je ne partage pas

Etre affamé j’en étais accoutumé
Et accoutumé que je ne puisse rien faire et attendre qu’on vienne me libérer
C’est ça. J’ai faim à être exténué. Et la seule solution c’est qu’un autre vienne m’aider
Donc j’attends. J’attends qu’on me propose de partager ou une idée commune pour en récupérer

Je repense à mes expériences adultes en autonomie, à ce camp hippie où il n’y avait pas assez à manger
Et qu’évidemment je leur avais fait totale confiance pour nous sustenter
Et que j’étais là allongé à attendre des heures et des heures qu’on vienne me libérer
Et que ce sont des jeunes avec qui j’avais sympathisé qui m’ont proposé de descendre de la montagne pour aller glaner et acheter

Ce qui nous a permis de tenir le coup du séjour
Et ce n’est qu’à la fin que j’ai appris qu’à la cuisine en dehors des repas les autres y faisaient souvent des tours

Ou l’expédition en montagne enneigé où j’ai fait encore aveuglement confiance à l’organisateur sur la nourriture
Qui en fait n’y connaissait rien
Et on s’est retrouvé avec deux poulets crus pour 13 pour 2 jours de marche.
Et c’était tellement désertiquement mouillé qu’un seul on a pu manger

Là de nombreuses fois j’ai bien cru que j’allais physiquement y passer
Que les 4000 mètres, le froid, la pluie et la boue allait venir de moi à bout
Mais c’est encore ceux qui avaient prévu leurs propres rations qui m’ont sauvé
L’un avec des bouts d’une boule de sucre et une autre avec des morceaux de champignons et de thon

Et là, seul chez moi mais qui n’est pas intéressé de manger
Qui veut bien une ou deux fois par jour se forcer
Mais qui a vraiment du mal à bien se sustenter
J’ai les moyens mais ça ne veut pas rentrer

Non ! Tu ne dois pas manger !
Tu ne mangeras qu’à table avec nous
Le pas bon est obligatoire tout comme les interrogatoires
La bonne conduite est récompensée par le droit de manger, la mauvaise en étant privé

Manger est un droit qui t’es octroyé
Mais en services, fausse bonne humeur et servilité tu dois le payer
Remercier est un ordre et apprécier un devoir
Soumets-toi à nous et là tu ne peux pas t’échapper car sinon c’est la faim qui viendra à notre place te torturer

Non ! Manger rapidement ne fonctionne pas non plus !
Si tu as fini un plat avant nous tu dois attendre quand même
Si tu ne veux pas de dessert attend quand même
Je crois que je préfère ne pas manger à ma faim et que je ne vous vois plus

Oui c’est ça. Avoir faim ce n’est pas important
A rester il y a un danger bien plus grand qui m’attend
De toute façon mon corps j’essaie le plus possible de l’oublier
Si j’ai une émotion je décide que je n’ai plus envie de manger !!!!!

Une émotion ça prend de la place à l’intérieur
Très bien comme ça la faim un moment je ne la sens plus
Quand on pleure la faim est secondaire
Les larmes coulent par-dessus le ventre vide

Quand brûlent la tête et le cœur l’estomac peut aller voir ailleurs
Il y a plus important à gérer
Ouais ok ma survie biologique est menacée
Mais ma survie psychique est en bien plus grand danger
Donc si j’ai une émotion je n’ai plus faim pas la peine d’en parler

Qu’est-ce que la faim quand notre cœur est au bord de l’explosion ?
A un prisonnier enchaîné entre être torturé et nourri ou être affamé et isolé lequel crois-tu qu’il va préférer ?
La faim je la dénigre, ce n’est rien. On s’y habitue
A bien y regarder la ressentir pas vraiment ça tue

Il y a bien quelqu’un qui viendra à mon secours m’apaiser
Je peux bien attendre des jours ou années pour quelques bouchées
Dès que j’ai une émotion ma faim est menottée
Calme-toi donc il y a de plus grandes priorités

La seule chose à faire c’est attendre la prochaine fois qu’on daignera me donner
Physiquement impuissant il n’y a que passer outre la faim pour un peu me libérer
Ou alors ramper et ouvrir silencieusement les meubles sans se faire repérer
Que c’est dur, que c’est dur et même si on cache c’est régulièrement fouillé

Ahlala tant d’efforts pour de si faibles améliorations
Et puis on se met à soi-même culpabiliser de soi-disant voler
Si seulement on pouvait plus souvent m’aider
Et si je ne suis pas dans une atmosphère détendue je crains de possibles exactions

J’ai faim j’ai faim venez m’aider
Et le pire c’est que ça fatigue tellement qu’on n’a plus l’énergie de forcer
De faire ces actions nous permettant de nous rassasier
Car on a déjà tellement dépensé d’énergie à y résister

Et ça rejoint le fait que c’est bien un autre qui doit venir m’aider
Mais bon là c’est moi-même qui ait à manger et qui me met à m’affamer
Et il n’y a que moi qui puisse me sauver
Il va bien falloir que tu te réconcilies avec tes besoins de manger.

Non, manger ce n’est pas collaborer.
Non, manger ce n’est pas accepté d’être torturé
Non, ce n’est pas parce que l’on a de la joie ou tristesse que la faim disparaît
Non, il n’y a pas que les autres qui puissent te sauver, toi-même tu en as la capacité
Oui, manger c’est sain et un besoin régulier
Oui manger c’est s’apaiser et s’alimenter
Se donner à manger selon ses besoins c’est s’aimer
Vivre sans manger ne fera pas de toi un guerrier
Et puis un guerrier ce n’est même pas ce que tu désires
Est fort celui qui peut survivre quand on va le priver
Mais est horrible celui qui va continuellement lui-même se priver
La torture on ne peut pas s’y préparer
Et s’y préparer serait horrible car reviendrait à soi-même se torturer
Et à quoi bon se préparer par peur à une terrible éventualité si on se met soi-même à la réaliser ?

Donc oui à ta faim tu peux manger
Si malgré toi tu ne peux y remédier tu sauras résister
Mais ça ne sers à rien à continuellement t’entraîner
Car ta propre vie tu risques d’y passer à côté.

Si ça se passe, ça se passera et tu feras en sorte de t’adapter
Mais te massacrer par peur qu’un prochain massacre soit une éventualité
Revient à toi-même te massacrer
Mais je sais bien que tu fais cela par peur de pouvoir y rester

Que tu as du mal à croire que ça ne se reproduira plus
Et bien commence par toi-même ne plus le reproduire avec toi
Tu verras déjà bien mieux ça ira
Petit à petit prendre tes responsabilités de manger en suffisante quantité

Et peut-être qu’en ayant suffisamment bien appris à bien manger
Des affamés tu pourras aussi leur réapprendre à manger
En attendant l’affamé ayant priorité c’est bien toi
Alors détends toi et agis pour obtenir et manger de bons repas.

Coupe faim, 28/06/22

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